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L'aventure des mots
9 mars 2013

Géraldine Brooks, L'autre rive du monde, Belfond, 2012

l'autre rive du mondeLe nouveau monde au milieu du XVIIe représentait sans doute une terre de tous les possibles pour les colons chrétiens qui avaient émigré vers ces régions sauvages.

Ainsi, l'île Noepe, et sa colonie de Great Harbor, servent-elles de cadre à une grande partie du récit qui nous est proposé là.

Bethia, l'héroïne de ce livre, est la fille d'un pasteur calviniste. Son éducation devrait la cantonner au rôle subalterne de future épouse et mère de famille, respectant à la lettre les préceptes religieux qui lui ont été inculqués.

Or, la jeune fille n'est pas de cette trempe là ! Ayant pu dans ses très jeunes années commencer à bénéficier de l'enseignement de son père, en compagnie de son frère aîné, elle ne veut en aucun cas abandonner ses études pour se limiter aux prérogatives de son sexe.

Avide de connaissances, elle profite des leçons toujours dispensées à son frère, lorsqu'elle est dans les parages, occupée à toutes sortes de tâches domestiques - tâches qui pèsent de plus en plus sur sa vie quotidienne à mesure qu'elle grandit-. Et ce à l'insu de ses proches, qui réprouveraient sa volonté de s'écarter du chemin tout tracé pour elle comme pour toutes ses congénères.

N'étant pas comme les autres, elle ne s’effarouche guère non plus lorsqu'elle rencontre un jeune Indien, d'à peu près son âge, lors de l'une de ses fréquentes escapades. Une solide amitié va se développer entre eux et Bethia va commencer à transmettre son savoir à son ami, qu'elle nomme Caleb.

Ce dernier s'avère très doué et bientôt, d'autre que Bethia, son propre père en particulier, vont s'en rendre compte. Il faut dire qu'au tout début de la colonisation des terres indiennes par les Anglais, la communauté indigène et celle des colons s'efforçaient encore de cohabiter dans une relative bonne entente.

Deux cultures se trouvent ainsi confrontées. Bethia, bien qu'animée par une culpabilité toute chrétienne, se sent, néanmoins, envoûtée par ce qu'elle découvre...jusqu'à ce que le malheur s'abatte sur sa famille. Un malheur dont elle croit être la cause ; un malheur en punition de ses pêchés.

Malgré toutes les épreuves de la vie, le destin de Bethia et celui de Caleb se mêleront sans cesse au cours de cette saga historique, jusqu'à leur dernier souffle.

Pour écrire ce livre, Géraldine Brooks s'est inspirée d'une histoire vraie : celle du premier Indien sortit diplômé de Harvard à la fin du XVIIème siècle. Son nom chrétien était Caleb. Elle n'a pu retrouver que peu d'indices sur sa vie, mais cette trame lui a permis d'élaborer ce récit épique.

J'ai été séduite et touchée par l'histoire de ces deux êtres, si différents, mais tous deux épris de savoir, tous deux en bute aux préjugés, tous deux capables d'une profonde amitié, malgré le choc de leur culture respective...

Pas de mièvrerie, pas de caricature non plus. Le ton sonne juste et les personnages ont de la substance. Le tout est servi par un style agréable et enlevé. Une lecture instructive et distrayante à la fois !

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