Laurence Cossé, Au bon roman, Gallimard, 2008

Cela commence comme un roman policier : trois personnes sans lien apparent entre elles se font agresser. Fort heureusement, elles s’en sortent vivantes…mais cela inquiète énormément les deux principaux protagonistes de cette histoire : Ivan et Francesca, qui eux savent quel est le point commun qui réunit les trois victimes…

En effet, tous deux passionnés de littérature, ils ont décidé d’ouvrir la librairie de leurs rêves, à savoir une librairie qui ne proposerait que les meilleurs romans ! Le nom de cette libraire est tout trouvé et logique : « Au bon roman ».

C’est le début de ce qui semble être une belle aventure, dont nous suivons les étapes à travers le récit que nous en fait l’un des personnages (et dont nous ne découvrons l’identité que dans les dernières pages).

Or, pour pouvoir déterminer quels ouvrages figureront à leur catalogue en dehors de ceux qu’ils considèrent comme des incontournables, ils décident de réunir un comité secret de huit membres qui ignorent tout les uns des autres, et auront pour charge de sélectionner chacun six cents romans, bons romans. Les membres de ce comité sont des auteurs, célèbres ou peu connus du grand public, mais reconnus de manière incontestable dans leur milieu, …

De fait, les trois personnes agressées appartiennent à ce comité secret…

Ce qui démarre donc comme un projet mené par des fous de littérature, pétris de bonnes intentions, dérape tout doucement …Le rêve pourrait bien tourner au cauchemar.

J’ai beaucoup apprécié ce livre qui fait la part belle à la lecture et aux « accrocs » de tout bord qui ne peuvent vivre sans un livre à la main et auxquels je me suis, bien sûr, identifiée, même si je ne prétends pas ne lire que de bons romans.

Le nœud de l’intrigue est celui-là : qu’est ce qu’un bon roman ? Tel ouvrage le serait et un autre, pas ? Evidement pour certains, que l’auteur cite, le doute n’est pas permis. Et puis, a-t-on le droit de décider pour les autres de ce qui devrait être lu et de ce qu’il vaut mieux éviter… ?

Ce livre dénonce aussi certaines pratiques de quelques maisons d’éditions peu scrupuleuses, plus soucieuses de faire des profits (qui transforment un roman en « produit ») et que l’idée de diffuser une culture réelle et profonde n’intéresse pas particulièrement.

L’écriture de Laurence Cossé est très fluide, très agréable et l’on se sent de tout cœur avec Ivan et Francesca dans leur parcours du combattant pour faire vivre leurs rêves. Nous partageons aussi leurs déboires personnels, voire leurs drames intimes menant parfois jusqu’au désespoir. C’est souvent touchant, enthousiasmant, doucement ironique.

Mais au fait, ce livre est-il un bon roman ? Il m’a conforté, en tout cas, dans mon amour pour la littérature, ma faim jamais rassasiée de découvrir encore d’autres livres, dans toucher le papier, d’en humer le parfum, de me laisser porter par une nouvelle histoire.

A chaque lecteur potentiel d’en juger par lui-même.