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L'aventure des mots
25 mars 2012

Jules Michelet, La sorcière, Garnier-Flammarion, 1966

michelet_sorciere_L25Publié en 1862, cet essai sur la figure de la Sorcière de l’Antiquité au siècle des Lumières, est un plaidoyer contre l’ignorance, l’intolérance, les souffrances infligées aux plus faibles, femmes, enfants, pauvres bougres, et surtout contre les fourberies et la bassesse de l’Eglise et de ses représentants.

L’auteur décrit ainsi, avec l’art de l’historien et sa vision d’homme du XIXe siècle, l’évolution de l’image de la Sorcière, de devineresse, guérisseuse, liée aux forces de la nature à l’âme damnée, s’adonnant au Sabbat (lui-même dénaturé au fil des siècles), livrant son corps au diable et à ses disciples.

Il s’affaire surtout à l’évocation de certains cas, les possédées de Loudun ou de Louviers, certains procès qui ont, en leur temps, créé le scandale. Il dénonce les manipulations, l’asservissement des plus vulnérables comme ces nonnes toutes à la coupe de directeurs de conscience sans scrupule. Elles sont loin des yeux du monde, isolées, désespérées d’ennui, à la merci de leurs sens exacerbés,  et pas toujours aussi innocentes, blanches colombes que l’on voudrait bien le croire…

D’une lecture parfois un peu fastidieuse, car écrit dans le langage érudit de l’époque, ce texte n’en est pas moins une étonnante diatribe contre les institutions religieuses, contre les superstitions, la stupidité et la lâcheté de beaucoup, l’abus de pouvoir des puissants sur plus faibles qu’eux, la cruauté… et cela non sans une dose d’ironie acerbe…

Instructif et toujours d’actualité par certains aspects : qu’on en juge par rapport aux traitements infligés aux femmes dans bien des régions du monde.

En chaque femme, se cache peut-être une « sorcière », assoiffée de liberté, de connaissances et de reconnaissance, révoltée, aimante, fragile, mais assez forte pour braver bien des souffrances et des peines… une « sorcière » qui attire et effraye, qui fascine et est parfois haïe, une « sorcière » que d’aucuns veulent toujours asservir.

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