Claudie Gallay, Les déferlantes, Editions France Loisirs, 2008

Des mots qui tapent, frappent, qui cassent, brisent, découpent, décortiquent, sondent, qui tuent, dépècent ou reconstruisent, habillent, habitent, donnent vie et âme, qui révèlent au grand jour ou protègent comme un écran de fumée, qui détaillent, décrivent avec des mots simples, sans ménagement, qui agacent, font vibrer, effrayent, déconcertent, émerveillent, qui transcendent la matière et l’être, qui crient la douleur, assourdissent la violence, qui dépeignent, sculptent l’atmosphère, disent la vérité sans fard, libèrent, se déversent en vous comme les vagues de la tempête, ne vous laissent pas en paix et pourtant sont parfois doux et vous apaisent, vous émeuvent, qui font sourire, un peu amère, vous malmènent, vous essoufflent, ne vous laissent pas indemne.

Au-delà du déroulement de l’intrigue, c’est avec virtuosité, que Claudie Gallay donnent corps à ces personnages, nous rend infiniment perceptible tous les non-dits, toute la tension contenue, toute la rage, la peine, la douceur et la cruauté de leurs relations. C’est aussi avec virtuosité qu’elle restitue la matière liquide, minérale et vivante, de cette côte de la Hague, à la frontière entre le monde terrestre et le monde marin, entre le monde de ceux qui sont encore et de ceux qui ne sont plus, des disparus…Un ouvrage d’une très grande force évocatrice des déchaînements de la nature et de l’âme humaine.