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L'aventure des mots
24 septembre 2010

Michel le Bris, D’or, de rêves et de sang. L’épopée de la flibuste (1494-1588), Pluriel Histoire, Hachette Littérature, 2001

dorde16235Une somme de connaissances, d’anecdotes et d’histoires, intimement liées à celle avec un grand « H ». Une découverte de ce que fut la flibusterie à ses débuts, sa genèse rarement mise en lumière. Un livre qui efface bien des idées fausses sur la découverte de l’Amérique, sur les origines de la piraterie. Un livre qui dévoile les dessous de cartes « géographiques », il va s’en dire, instruments indispensables à qui voulait voyager, explorer, conquérir sans trop se perdre, sans périr trop tôt en chemin sur ces mers insondables, parfois méconnues ou inconnues,…à qui voulait faire fortune. Mais il s’agit aussi d’un jeu de « cartes » entre puissances de l’époque (l’Espagne, la France, l’Angleterre, l’empire de Charles Quint…) sur le terrain du politique et de l’économique, pour s’imposer, être toujours plus puissant. La domination du monde passait par la maîtrise des mers, par la conquête d’immenses territoires, la rafle de toutes sortes de matières précieuses -l’or, l’argent, les gemmes, les épices, le tabac, etc.-. Les conflits religieux, chaque camp voulant anéantir l’autre, se trouvaient également au cœur de cette tempête.

Et à l’échelle humaine, à celle de tous ces marins, mi-marchands, mi-brigands, quelle force obscure les poussait-elle vers ces terres lointaines pleines de dangers (lorsque les affres du voyage ne les avaient pas déjà envoyé de vie à trépas…) ? L’appel de l’aventure certes, la soif d’or surtout qui mène déjà chacune des nations en présence ?

Mais n’est-ce vraiment que cela, même si la cupidité de tous ne semble pas avoir de limites, quitte à détruire des peuples entiers, réduits à l’esclavage, massacrés, victimes de maladies importées par l’homme blanc ?

Michel le Bris interroge leur part sombre (et la nôtre), car ce qui paraît aussi avoir guidé tous ces hommes, c’est le goût de la liberté, une volonté farouche d’échapper à l’ordre établi, de se jouer de ces nations souveraines. Quel meilleur « terrain » de ces étendues liquides à l’infinie sans lois, sans barrières, échappant à la réalité terrestre, à son confinement, permettant les rêves les plus fous, même s’ils doivent finir dans un bain de sang…

La plume de Michel le Bris est alerte, pleine de verve. A le lire, il faut bien remettre un peu nos idées enfantines sur les pirates à leur place et saisir toute la dimension historique, rude, sanguinaire et cruelle de cette épopée (les plus sanguinaires et cruels n’étant pas toujours du côté des frères de la côte…). Instructif !

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