Les âmes grises, Philippe Claudel, Editions Stock, 2003.
Environ 280 pages qui se lisent quasi d’une traite. Une écriture forte sous forme de petites phrases percutantes, prenantes dont on a du mal à se détacher.
Et pourtant, nous ne connaissons presque rien des personnages, des lieux tant ils sont décrits avec le minimum de mots (leur nom est à peine évoqué). Mais leurs âmes…leurs âmes grises perdues dans les fumées et la fureur lointaine du front, perdues dans leurs turpitudes, des âmes étroites devrions-nous dire, qui se contentent de peu, quasi sans prise de conscience, sans remise en cause, un comble sans états d’âme…
Qu’on ne se méprenne pas, certaines ne manquent pas d’épaisseur, ce qui leur manque et les empêche d’être, c’est l’autre qui n’est plus là.
Curieusement l’autre, ces femmes (Clémence, Lysia et Clélis) et cette fillette (Belle de jour) sont les seules âmes lumineuse de ce roman, soufflées trop tôt, comme la flamme d’une bougie.
Ames blanches qui tirent le meilleur comme le pire de l’homme. Ames innocentes qui payent le prix fort…
Sans doute le livre qui m’a le plus transportée depuis longtemps !
Que ces âmes grises, gris tristesse, ne nous fassent pas oublier pour autant que soleil doit bien toujours briller quelque part…