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L'aventure des mots
13 novembre 2010

Mathias Enard, Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, Actes Sud, 2010

mathias_enardJe n’ai pas lu Zone et peut-être que je le ferai ou ne le ferai pas dans un avenir plus ou moins lointain…Je sais son succès, ce phénomène littéraire qu’est ce livre constitué d’une seule et unique phrase…Son sujet, maintenant là, à l’instant « t » ne m’attire pas…

Il en va autrement de ce petit ouvrage, qui raconte trois mois, une anecdote présumée, dans l’histoire de la vie de Michel-Ange, au tout début du XVIe siècle. D’autant qu’à l’occasion des « Bibliothèques Idéales » à Strasbourg, des 20 au 25 septembre derniers, j’ai eu la chance d’assister à une conversation avec l’auteur, pour sa promotion.

L’histoire racontée dans ces pages ne campe qu’un décor, comme celui d’un théâtre : elle n’est pas à mes yeux, l’essentiel…La description des personnages non plus, qui permet de leur donner chair, mais sans pour autant  qu’ils ne nous deviennent peu ou prou attachants…L’évocation des lieux, en particulier Constantinople, exit, car elle ne donne qu’une « impression » de ce qu’ils étaient, plus qu’une réalité détaillée et précise…

Passons sur tout cela : ce qui peut-être retenu, à mon sens, c’est la poésie de ce texte et cela constitue sa grande force.

 

Extrait : « C’est à première vue un tout autre art que celui de Mesihi, celui de la hauteur de la lettre, de l’épaisseur du trait qui donne le mouvement, de l’agencement des consonnes, des espaces s’étendant au gré des sons. Accroché à son calame, le poète calligraphe offre un visage aux mots, aux phrases, aux vers ou aux versets. On sait qu’il dessinait aussi des miniatures, mais aucune de ces images ne semblent avoir survécu, à moins que l’une d’elle ne dorme encore dans un manuscrit oublié. Des scènes de beuverie, des visages, des jardins où s’étendent les amants et des animaux fantastiques qui les survolent, illustrations de grands poèmes mystiques ou de romans courtois : peintre anonyme, Mesihi ne signe que ses vers, qui sont peu nombreux ; il préfère les plaisirs, le vin, l’opium, la chair à l’austère tentation de la postérité (…). Surtout, il aimait la ville, les antres bruyants où buvaient les janissaires, l’activité du port, l’accent des étrangers.

Et, plus que tout, le dessin, la blessure noire de l’encre, cette caresse crissant sur le grain du papier ».

Je me permettrais une seule remarque, qui n’a pas grand rapport avec des critères purement littéraires : c’est plutôt un petit coup de gueule sans prétention. Voici un court texte (154 pages), certes présenté sous un format élégant et imprimé sur un papier de qualité, mais dont le prix me paraît nettement exagéré (17 euros).

Il n’est guère étonnant que la lecture et l’achat de livres soient inaccessibles à beaucoup dans de telles conditions ! Il reste les bibliothèques et médiathèques (heureusement qu’elles existent), mais les fonds ne sont pas toujours très riches et les nouveautés rares ou tardant à apparaître sur leurs rayonnages. Pourquoi vendre ces ouvrages si chers ? Qu’est ce qui justifie un tel prix ?

Evidement cela n’a pas gâché le plaisir de la lecture, mais c’est dommage de tenir à distance pour des raisons de budget, certains lecteurs potentiels…

 

 

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