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L'aventure des mots
27 juillet 2010

Nuala O’Faolain, L’histoire de Chicago May, Domaine étranger, 10/18, 2008

9782264046079FSNuala O’Faolain retrace dans ces pages le destin particulier d’une autre Irlandaise, née May Duignan et connue en son temps, la fin du XIXe et le début du XXe siècles, sous le surnom de « Chicago May ». Entre biographie (l’auteur a retrouvé une autobiographie de cette femme au destin exceptionnel, fait rare) et parties « romancées », nous découvrons une époque : celle des immigrés fuyant la misère pour une terre de tous les possibles, celle des pionniers, celle des bandits de tout calibre, celle des policiers corrompus, celles des désillusions parfois fatales. Mais ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas d’un « western », d’un livre d’aventures…

La vie de May Duignan telle qu’elle nous est racontée là, à travers les yeux, les perceptions et les émotions aussi de Nuala O’Faolain est avant tout, et là mon propre sentiment affleure également, une quête éperdue de liberté.

Elle s’est enfuie de chez elle, toute jeune fille, partie en quelque sorte à la « conquête du monde » pour tenter de s’affranchir, il est vrai, d’un environnement figé, écrasé sous le poids des contraintes religieuses, ciment de cette société pauvre, tourmentée, asservie par l’occupant anglais ; écrasé aussi sous le regard inquisiteur des autres, les voisins, dans ces petits bourgs où tout se sait, où l’avenir est tout tracé.

Pour se faire, se libérer,  elle en vient presque naturellement à vendre son corps, à arnaquer, voler, s’accoquiner  avec les milieux malfamés…L’argent coule à flot, surtout au début grâce à sa mine agréable, à son caractère bien trempé. Et c’est qu’elle ne laisse pas faire non plus, Chicago May ! Elle peut jouer des poings, de griffes et des dents, plus tard même d’une arme à feu, quand il le faut pour se faire respecter…

Est-ce vraiment la liberté ? Pas de règles morales à respecter, mais il y a néanmoins des règles du jeu (une sorte de code d’honneur des gens du même « bord »), il y a la dépendance à l’alcool ou autres substances, celle parfois aux hommes et à leur bon vouloir. Avec le passage à des actes encore plus violents (par jalousie, vengeance, plus que par l’appât du gain), vient aussi la prison et une sorte de descente aux enfers entraînant, malgré un sursaut -une sorte de parenthèse pendant laquelle elle va justement écrire son autobiographie-, la déchéance et la mort misérable. Alors la liberté ? Elle émerge du fait que Mlle May Duignan a fait des choix, souvent instinctifs, qui l’ont conduit à mener son existence comme elle l’entendait. Quoiqu’il en resta, la tâche terrible sur le nom des Duignan, comme une malédiction, elle est allée jusqu’aux limites probables de ce qu’elle pouvait vivre (sans doute la réalité ne ressemblait pas tout a fait à ce qu’elle avait imaginé, mais peu importe !). Cette Irlandaise s’est offert un sacré destin…

 

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