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L'aventure des mots
14 juillet 2014

Michaël Ennis, 1502-Léonard deVinci et Machiavel dans l'Italie des Borgia, Pocket, 2014

1502En prologue : « Le récit est entièrement basé sur des événements réels.Tous les personnages principaux sont des figures historiques, et tous agissent exactement comme les archives nous disent qu'ils l'ont fait, au moment et à l'endroit exacts où ils l'ont fait. Ce que l'histoire ne nous dit pas, c'est le comment et le pourquoi de ces actions.

Et il y avait là de quoi écrire un roman... »

Juan Borgia, duc de Gandie et fils préféré du redoutable pape Alexandre VI, a été assassiné. Damatia, courtisane célèbre et très convoitée, était sa maîtresse : elle l'aimait et allait mettre au monde son fils. Mais soupçonnée de complicité dans le meurtre de son amant, elle va être obligée de vivre dans la clandestinité pendant cinq ans...jusqu'à ce qu'un corps de femme, démembré soit découvert. Sur ce corps, est retrouvée une amulette ayant appartenu au défunt Juan.

Enlevée avec son fils par les sbires du pape Alexandre VI, Damatia se voit forcée par ce dernier - au risque de ne plus jamais revoir son enfant- de se mettre à son service et de mener l'enquête.

Avec sa compagne, Camilla, elle part donc pour Imola, petite bourgade aux pieds des Apennins : c'est dans ses environs que la victime non identifiée a été « éparpillée ».

Elle va vite constater qu'elle n'est pas la seule à vouloir découvrir la vérité. Deux autres « enquêteurs » sont, en effet, déjà sur les rangs, et non des moindres : Niccolò Machiavelli et le maître, Léonardo da Vinci. L'un, simple secrétaire faisant office d'ambassadeur sans pouvoir de négociation, représente sa ville bien-aimée, Florence ; l'autre est au service du plus puissant et influant seigneur de ce début du XVIe siècle en Italie, le duc Valentino.

Tous veulent faire la lumière sur le crime atroce...mais pour des raisons bien différentes ...

Pourtant, la courtisane, l’intellectuel et le savant vont faire cause commune pour combattre un assassin aux multiples visages, le diable lui-même peut-être... un être terriblement intelligent, manipulateur, amoral, dont l'esprit tortueux a imaginé un jeu étrange et dangereux dont chaque étape sera marquée par de macabres découvertes.

Michaël Ennis, historien et journaliste, écrit peu, mais écrit bien -il ne compte effectivement que trois romans à son actif dont l'envoûtant Byzance (publié en 1989)-.

Après dix ans de recherche, il livre ici un récit passionnant se déroulant sur quelques mois des années 1502 et 1503.

Tout y est : une intrigue extrêmement bien menée par un auteur qui ne se contente pas d'écrire un bon « thriller », mais qui mêle avec brio les événements historiques, la lutte pour le pouvoir avec son lot de conspirations et d'exécutions sommaires -le dessous des cartes, en somme-, les expérimentations si chères à Léonardo da Vinci et les découvertes scientifiques, ainsi que les recherches intellectuelles de l'intelligensia de l'époque, à laquelle Niccolò Machiavelli appartenait.

Ce récit s'appuie de fait sur une reconstitution détaillée et très documentée de ce début du XVIe siècle en Italie.

De plus pour permettre au lecteur d'appréhender au plus près les évolutions de l’enquête, Michaël Ennis met à sa disposition les écrits de Damatia (à l'attention de son fils) et les notes de Niccolò Machiavelli qui consigne soigneusement tous les faits auxquels il se trouvent confronté (notes qui serviront de base à ces futurs essais, dont Le Prince). Nous sommes donc projetés au cœur des événements, et des pensées des deux principaux protagonistes. Cette lecture est particulièrement prenante, voire envoûtante.

Une invitation à explorer les bas-fond de l'histoire et de l'âme humaine, à courir après les sorcières et les sorciers pour « chevaucher avec le bouc » de l'autre côté du miroir...

Laissez-vous tenter...

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