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L'aventure des mots
13 novembre 2013

Michel Moatti, Retour à Whitechapel, Edtions Hervé Chopin, 2013

 

Retour à Whitechapel

Les crimes impunis commis par « Jack l'Eventreur » et l'énigme autour de son identité fascinent depuis près de cent vingt-cinq ans. Bien des théories ont été échafaudées. Toute une littérature et une filmographie ont pris naissance à partir de ce mystère...à partir des crimes effrayants perpétrés par le premier serial killer de l'histoire occidentale.

C'est par le truchement du personnage d'une infirmière, Amelia Pritlowe, que l'auteur nous invite à réouvrir l'enquête.

L'action se déroule en 1941 et Amelia, qui officie au London Hospital, saturé par les victimes des bombardements allemands, fait une terrible découverte au décès de son père : elle est la fille de la dernière prostituée assassinée en 1888 par cet insaisissable meurtrier.

Sous le choc, elle ne va pas tarder à nourrir une haine incommensurable pour le responsable de la mort atroce de sa mère et n'aura de cesse de découvrir qui il est ou était.

Pour se faire, elle se fait admettre au sein de la Filebox Society. Cette assemblée regroupe des enquêteurs amateurs, tout à fait sérieux, qui récoltent et analysent avec patience et minutie tous les éléments, documents, témoignages en rapport avec les meurtres. Pour que la lumière se fasse peut-être un jour et que le coupable soit enfin démasqué...

 

Michel Moatti, dans son roman, alterne les passages tirés du journal d'Amelia Pritlowe, dans lequel elle consigne toutes les étapes de son enquête, et les tranches de vie dans le Londres de la fin des années 1880. Ainsi, l'étau se referme peu à peu sur un ou des suspects jusqu'à la révélation. Celle-ci n'est pas uniquement issue de l'imagination de l'auteur : elle est également le fruit de trois ans de recherches pour tenter de comprendre pourquoi et comment « Jack l'Eventreur » a pu échapper aux forces de police et a pu garder son anonymat. La thèse de Michel Moatti est loin d'être farfelue, et même si pour ma part je ne peux pas prétendre être une spécialiste du sujet, je la considère comme assez convaincante. L'écrivain s'attache aussi à resituer toute une époque : celle d'un Londres les limites entre les différentes strates de la société étaient constituées par les multiples quartiers de cette capitale ; des frontières invisibles en quelques sortes, mais bien réelles. Plus vous avanciez vers l'Est, vers la Tamise, plus vous pénétriez dans un territoire peuplé de miséreux, rongés par le froid, la malnutrition, la maladie, l'alcool, les drogues diverses ; un territoire où faire une passe permettait tout au plus à la prostituée aux vêtements usés jusqu'à la trame de se payer un verre ou un abris pour la nuit. Toute une populace asservie, désespérée, méprisée ou ignorée...des laissés pour compte. Quelques unes de ces « créatures » ont eu le malheur de croiser le chemin d'un dangereux prédateur, sans état d'âme.

Amelia se met donc elle aussi en chasse et c'est un récit captivant qui nous est livré ici.

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