Anne Marie Revol, Nos étoiles ont filé, Stock, 2010

Anne-Marie Revol, journaliste à France 2, et son conjoint ont perdu leurs deux petites filles, Pénélope et Paloma, dans l’incendie de la maison de leurs grands-parents, le 11 août 2008. A partir de cet événement effroyable, l’auteure écrit pendant plus d’une année, et ce presque chaque jour, une lettre à ses précieuses disparues.

Le livre reprend donc l’ensemble de « journal-épistolaire ».

Nous suivons Anne-Marie Revol dans son parcours de mère, de femme, d’amante, d’épouse (une large place est faite au père de Pénélope et Paloma, à sa douleur, dans ces lettres).

Et si le cycle de ce courrier étrange et salutaire s’interrompt dans les semaines qui suivent le premier « anniversaire » de la mort des deux petites filles, c’est que Anne-Marie Revol a eu le bonheur de leur donner un petit frère…

Lu dans le cadre du comité de lecture de « ma » médiathèque, ce livre a essentiellement une valeur de témoignage. Nul, à part les personnes confrontées à des drames similaires, ne peut sans aucun doute imaginer la souffrance, le gouffre dans une vie que peut représenter une telle perte. En tant que maman, j’ai été bouleversée par ce que contiennent ces pages…

Je ne doutes pas non plus du bienfait de l’écriture, tout relatif néanmoins. Le fait que de s’être adressée pendant de longs mois à Pénélope et Paloma sous cette forme, a peut-être « allégé » la peine de l’auteure.

Mais ce qui me chiffonne, c’est la démarche de publication ? Personnage public, puisque journaliste à la télévision, fallait-il pour autant rendre publiques ces lignes très intimes ? Au risque de mettre à mal sa vie privée, ses proches…

Et puis, l’écriture, pour le coup, ici, n’est pas littérature -ce n’était pas le but, je vous l’accorde-.

Tout est retranscrit du chagrin aux idées les plus macabres dans un langage parlé, voire grossier (la souffrance peut se permettre bien des coups de gueule !).

Ceci n’empêche pas, parfois et de façon très paradoxal, le cocasse de passer par là comme une ombre fugitive et salvatrice…Les petits et grands bonheurs aussi existent encore, heureusement…

En conclusion, mon sentiment sur cet ouvrage est très mitigé. Je suis même plutôt mal à l’aise : il ne s’agit pas là d’un roman ou d’une biographie plus ou moins romancée. Pénélope et Paloma, ainsi que leurs proches, ne sont pas des personnages de papier…

Aussi les derniers mots de ce « commentaire de lecture » un peu particulier, seront pour elles, toutes petites demoiselles, à la vie trop brève, éternellement présentes dans le cœur de tous ceux qui les aimaient et les aiment encore aujourd’hui…