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L'aventure des mots
20 novembre 2011

Fred Vargas, Pars vite et reviens tard, Editions J’ai lu, avril 2009

9782290349311Extrait : « Ce matin, Joss filait presque ses trois nœuds et demi, s’efforçant de rattraper un retard de vingt minutes. En raison du marc de café qui s’était déversé en totalité sur le sol de la cuisine.

Cela ne l’avait pas étonné. Joss avait compris depuis longtemps que les choses étaient douées d’une vie secrète et pernicieuse. Hormis peut-être certaines pièces d’accastillage qui ne l’avaient jamais agressé, de mémoire de marin breton, le monde des choses était à l’évidence chargé d’une énergie toute entière concentrée pour emmerder l’homme. La moindre faute de manipulation, parce qu’offrant à la chose une liberté soudaine, si minime fût-elle, amorçait une série de calamités en chaîne, pouvant parcourir toute une gamme, du désagrément à la tragédie. Le bouchon qui échappe aux doigts en était, sur le mode mineur, un modèle de base. Car un bouchon lâché ne vient pas rouler aux pieds de l’homme, en aucune manière. Il se love derrière le fourneau, mauvais, pareil à l’araignée en quête d’inaccessible, déclenchant pour son prédateur, l’Homme, une succession d’épreuves variables, déplacement du fourneau, rupture du flexible de raccordement, chute d’ustensile, brûlure. Le cas de ce matin avait procédé d’un enchaînement plus complexe, amorcé par une bénigne erreur de lancer entraînant fragilisation de la poubelle, affaissement latéral et épandage du filtre à café sur le sol. C’est ainsi que les choses, animées d’un esprit de vengeance légitimement puisé dans leur condition d’esclaves, parvenaient à leur tour par moments brefs mais intenses à soumettre l‘homme à leur puissance larvée, à le faire se tordre et ramper comme un chien, n’épargnant ni femme ni enfant. Non, pour rien au monde Joss n’aurait accordé sa confiance aux choses, pas plus qu’aux hommes ou à la mer. Les premières vous prennent la raison, les seconds l’âme et la troisième la vie. »

Voici résumait en quelques lignes l’art d’écrire de Fred Vargas, et si elles ne suffisent à rendre l’ampleur de son style, elles l’éclairent néanmoins, …un style et surtout un humour, un univers particulier qui personnellement me plaisent de plus en plus !

De fait et sans trop en écrire pour ne pas en dévoiler les arcanes, cette nouvelle enquête de commissaire Adamsberg nous transporte à travers les âges, à la poursuite de semeurs (réels ?) de la mort noire, la peste, ce fléau terrifiant remontant selon les apparences des fanges putrides du Moyen-âge…et pour démêler les fils de cette énigme qui  croyez-vous que notre cher commissaire va croiser sur sa route : un certain Marc Vandoosler, médiéviste et membre à part entière des « Evangélistes »… (je vous renvoie à mon commentaire de lecture précédent sur Debout les morts…).

Une fois encore tous les personnages valent le tour et le détour…

A consommer sans modération !  

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